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5 août 2009 3 05 /08 /août /2009 10:01



Il y a deux mariages de prévus, un en Normandie et un à Hong Kong. J'ai choisi celui de Normandie, bien que je préfère Hong Kong au Calvados.
Il se trouve que la région où prenait place le mariage était aussi la région de mes ancêtres.

J'ai débarqué à Vieux Pont en Auge, avec ma veste de paysan et ma casquette turque qui me donnait un air de gentleman farmer irlandais.

La fête fut exquise, avec une messe réussie dans une minuscule église sur la colline. J'ai rencontré de charmants convives, dont une fille avec qui je n'ai pas parlé mais qui dansait merveilleusement bien. Les mariés étaient les plus éclatants, comme de juste, et il ne laissèrent jamais transparaître leur tension nerveuse. Au contraire, tout se passa dans un rythme serein, plein de self control et de bonhomie. Une leçon d'élégance.

J'ai pu renouer avec les anciens copains du Face bar, Arthur et marc, joueurs de billard et musiciens devant l'éternel. Tellement musiciens que nous eûmes le projet, à Shanghai, d'enregistrer quelques unes de mes chansons. Marc et Aloïs à la guitare, Greg à la basse et Arthur à la batterie, j'aurais chanté mes textes qui racontent tous la même histoire, d'une femme qui rencontre un homme et qui se fout de sa gueule.

J'ai eu la joie de revoir Fanny Gong, une Chinoise qui fait partie de mes plus anciennes camarades de ma vie nankinoise. J'adore, j'ai toujours adoré la voix de Fanny, et son calme et son rire dans les relations humaines. Si j'avais de l'argent, je l'embaucherais pour être près de moi tout le temps et me faire la lecture. Je le disais déjà il y a cinq ans et je le redis ici. Nous avons finalement passé la nuit ensemble, elle et moi, du dîner jusqu'au train du retour à Paris le lendemain. Nous avons pu visiter la basilique de Lisieux, et discuter de choses importantes et futiles.


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5 août 2009 3 05 /08 /août /2009 09:13
J'ai assisté à mon premier mariage franco-chinois.



Grégoire, que j'ai connu il y a cinq ans à Nankin, vient d'épouser une jeune femme de Hong Kong qui travaille à Shanghai. J'avais déjà consacré
un billet à Grégoire, un billet qui ne rendait pas justice à sa grande énergie vitale.

Dans mon billet de Nankin en douce, je le décrivais comme une personne lasse. C'est parce qu'à l'époque je faisais de la littérature et je cherchais à dresser des portraits. Cela m'amusait de montrer Grégoire en businessman fatigué, faisant fortune en traînant des pieds, ignorant volontairement le dynamisme qui lui permettait de rester debout des nuits entières à faire la fête.

Quand moi aussi j'ai déménagé à Shanghai, nous nous voyions régulièrement au
Face, un bar très classe sis dans l'ancienne Concession française. Avec Aloïs, Arthur et Marc, nous buvions des bières et des "Baccardi cokes" dans ce qui est vite devenu notre QG. Nous commandions des cocktails et des choses plus relevées uniquement quand nous accueillions des visiteurs ou que nous nous trouvions en présence galante.

En fait de galanterie, un soir, une petite bande de Hong-kongaises a déboulé dans le bar et a retourné le destin des vieux des garçons joueurs de billard que nous étions. Chinoises et anglophones, travaillant dans la com et jouissant de budgets spéciaux pour les sorties et la vie sociale, ces filles offrèrent le champagne à une heure très avancée de la nuit.

Grégoire fut touché au coeur par l'une de ces Hong-kongaises. Caroline partageait avec lui le goût du travail bien fait et celui de la vie nocturne. Ces deux-là ont immédiatement vécu ensemble, s'accordant sur un rythme de vie difficile à suivre pour un sage précaire. Ils allaient pouvoir s'assagir ensemble, l'un par l'autre, et s'embourgeoiser s'il le fallait, mais à leur rythme.

Il me plaît d'imaginer, parfois, que j'ai joué mon petit rôle dans leur histoire. Quand Grégoire vivait sa vie dans les boîtes et que Caroline, dans ces mêmes boîtes, me faisait part de son incompréhension, je lui expliquais la façon d'être un homme en France, et la rassurais sur l'amour que Greg nourrissait pour elle. Je lui disais, ce qui était vrai, que mon ami allait mieux depuis qu'il était avec elle, qu'il était plus serein, plus heureux. Quand ils se retrouvaient seuls, elle l'interrogeait et il confirmait.

Un soir de coupe d'Europe, alors que la France perdait lamentablement contre l'Italie, et que le sélectionneur demandait en mariage sa compagne devant les yeux incrédules de tous les supporteurs dépités, Greg et moi marchâmes dans les rues de la Concession française et bûmes des verres dans tous les tripots qui étaient encore ouverts. Je ne sais plus de quoi nous parlions, mais sans doute de questions pleines de sens. Dans la bande j'étais vu comme "le philosophe", celui avec qui on parle de choses métaphysiques.

Après un petit déjeuner à l'aube dans un bar hybride, Grégoire prit un taxi, rentra chez lui et réveilla Caroline. Ivre et le coeur prêt à éclater, le coeur lourd d'une vérité existentielle qu'il devait partager sans attendre, il fit sa demande en mariage. Caroline dit oui, mais eût espéré un romantisme un peu plus conventionnel. Il lui offrit ce romantisme de série télé quelques jours plus tard, avec bague et genou à terre.

Mais l'historiographie retiendra la belle ivrognerie qui baigne leur rencontre, leur amour et leur entourage. Quand je pense à Caroline et Grégoire, je pense à Scott Fitzgerald et Zelda, et aux belles pages que Deleuze a écrites sur eux. "Le goût du whisky sur mes lèvres... La lueur de folie dans mes yeux..."
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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 17:42

Elle m’avait proposé de l’accompagner dans sa ville natale. Je l’aimais de plus en plus pour son physique vivant et son sourire enchanteur. Son nom français, je ne m’en souviens plus. Disons Aglaé.

Photo flickr.net

Dans les grottes, l’humidité et le sol glissant nous obligeaient à nous rapprocher. Ses bras étaient froids et, alors que nous regardions un bouddha sculpté à l’époque des Song, au Xe siècle, je posais mes mains sur ses bras et les frottais doucement pour les réchauffer. Il arriva que nous marchâmes main dans la main.

Que signifie marcher main dans la main avec une femme chinoise ? On ne le sait jamais vraiment, quand on est étranger. Avec une Européenne, cela mènerait obligatoirement aux baisers, puis avec les mêmes clauses juridiques de force obligatoire des lois tacites, aux coucheries et aux embarras des matins de gueule de bois. Avec les Chinoises, au contraire, pas toutes les Chinoises, mais cela m’est arrivé plusieurs fois, et même en Europe, avec des Chinoises occidentalisées, le contact des mains n’autorise pas nécessairement d’autres contacts. Se toucher les mains, les prendre, marcher ainsi, est peut-être déjà une situation, un état suffisant, qui ne demande pas de développement.


Photo flickr.net

Sur les hauteurs, sur les collines en terrasse où des paysans en chapeau de paille cueillaient les feuilles du thé le plus célèbre du monde chinois, nous nous sommes retrouvés très isolés et surplombant le pays. Je la pris dans mes bras, toujours par derrière. Je ne sais pas si c’est elle qui préférait cette position, qui lui permettait de regarder ailleurs, la même chose que moi, ou si c’est moi qui revenais à son dos pour ne pas brusquer les choses.

J’approchais mes lèvres tout de même et baisais sa joue. Elle me repoussa, se dégagea de moi sans un mot et s’éloigna. Nous nous sommes assis et avons essayé de reprendre la conversation. Une gêne s’installa entre nous qui ne se dissipa jamais.

Le bisou sur la joue aura donc été le geste de trop, inacceptable. La main dans la main, les caresses sur le dos, les bras, les cheveux, et même les enlacements étaient parfaitement autorisés. Que je la colle à moi et qu’elle sente mon désir, cela aussi ne posait pas de problème. Ce sont les lèvres, la bouche, qui ne pouvaient pas entrer dans notre relation. Je m’en voulais, mais il était difficile de savoir où était la limite.

J’aurais dû m’en souvenir. Une Chinoise m’avait déjà fait le coup, des années auparavant. Elle avait accepté et provoqué tous les contacts corporels de deux personnes qui trompent un peu leur conjoint, sans aller jusqu’à la consommation sexuelle, et elle avait refusé tout contact avec sa bouche. Elle me disait que le baiser était grave, que cela avait autant de sens que l'acte amoureux. A cette époque j’écrivais un récit de voyage sur un fleuve, et le dernier chapitre de ce récit tourne autour de cette Chinoise : il s’intitule « La bouche orientale », pour mettre en relation l’embouchure du fleuve qui se situait à l’est du pays, et les lèvres magnifiques de cette femme d’Extrême-Orient qui représentaient pour moi le fruit le plus attirant et qui m’étaient évidemment interdites, comme il se doit dans les récits de passion.

A Hangzhou, j'avais prouvé que la leçon n'était pas apprise. Je m’en voulais car je n’ai pas su profiter de ce que j’avais, simplement. J’ai suivi la pente néfaste de ma culture capitaliste qui m'incite à chercher à accumuler mon pécule plutôt que de jouir de la présence lumineuse de mon avoir actuel. Mon amie était un avoir fluctuant, volatile, et je m'en veux d'avoir voulu en faire un bien échangeable. 

Elle aussi s’en est voulue. Elle est revenue plusieurs fois vers moi, sans parler de l’incident, mais furtivement devant mes yeux. Dans les messages textuels qui ont suivi mon voyage, elle m’a dit plusieurs fois qu’elle avait été heureuse de ma présence dans sa ville.

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12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 16:24
Les touristes ne sont jamais vraiment contents d'eux. Ils se frottent aux lieux de cultes sans y croire. Ils croient au merveilleux et trouvent souvent leurs contournements enchanteurs. Ils tentent de cacher leur mauvaise conscience dans des images rutilantes. 

Moi touriste, je deviens fier comme Tartarin. Je n'ai plus peur de rien. Je bombe le torse et prends des photos d'une compagne de fortune. Nous nous quittons souvent pour nous retrouver souvent, et pour n'avoir que de bons souvenirs ensemble.


Il y a des moments dans la vie, il ne reste plus que des photos.
C'est l'hiver en Chine et en Europe. Pas encore, mais il fait assez froid pour que le voyageur se souvienne des chaleurs de Xian et des
douceurs du printemps.


Dans mes voyages en Chine, les lieux de cultes musulmans furent des endroits de tension, et d'amoureuses songeries. Les miroirs y jouaient leurs parties et mettaient le monde en morceaux.  
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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 11:32

Dans le train qui nous menait à Shanghai, cette jeune personne a trouvé des mots qui m'ont touché plus profondément et plus durablement que toutes les autres paroles. Personne n'a su me parler aussi bien qu'elle, ni d'une manière qui me convienne si parfaitement, comme si j'entendais pour la première fois ce que j'avais obscurément besoin d'entendre. 
Elle parle en pesant ses mots, en penchant un peu la tête. Ses mots semblent venir de son coeur, sans calcul, sans pression, sans arrière-pensée. Et pourtant, partout où nous allons, des gens sont désagréables avec elle, comme s'ils voyaient en elle une arrogance que, pour ma part, je n'ai jamais perçue. Elle essaie d'être gentille mais une timidité ou quelque chose d'autre, d'indéfinissable, érige un mur entre elle et bien des gens autour de nous.
Un jour, je lui ai demandé si elle voulait rencontrer mes amis de Shanghai. Elle hésitait, elle ne semblait pas trop curieuse de les voir (par ailleurs, elle n'aime pas beaucoup Shanghai, et elle trouve qu'à part moi, les étrangers ont tendance à sentir un peu fort). De mon côté, je lui fis part de mon sentiment mêlé ; d'un côté j'avais envie depuis des années de la faire connaître à mes proches, et d'un autre côté je voulais la garder pour moi seul. Elle laissa planer un silence et, un autre jour, dans une ruelle de Suzhou, elle me répondit : "Tu peux me garder pour toi tout seul". 
Sa vie reste un mystère pour moi, sa vie, ses opinions, sa façon de penser, ses sentiments réels, ses ambitions, ses arrangements avec les hommes et les femmes. Elle sera toujours un peu dans l'ombre pour moi, mais capable de dire des choses d'une clarté implacable, mais dotée d'un sourire lumineux, mais d'une tolérance et d'une positivité désarmantes.  
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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 09:24


Dans la culture chinoise, on a élu un petit nombre de femmes comme étant les « beautés » de la Chine. Leur sort est généralement fatal : on les a données à des chefs rivaux, à des rois étrangers, on s’en est servi sans ménagement. Mon amie me raconte tout ça en s'emmêlant dans les noms, les dates et les histoires. Qu'importe, cela nous ramène aux sempiternelles énumérations qui ne veulent pas dire grand chose mais qui structurent une éducation de masse et qui donnent du grain à moudre aux numérologues : les quatre romans classiques, les dix mille êtres, les cinq éléments, les sept délices de Nankin, les huit excentriques de Yangzhou, les trois représentativités, et, donc, les quatre beautés.

Yang Guifei est peut-être la plus célèbre, elle a en tout cas inspiré les artistes plus qu'aucune autre. Elle a inspiré des poètes de premier plan, des musiciens, des calligraphes, et elle fait rêver les jeunes gens du monde entier. Elle était la concubine sublime d'un empereur Tang. Cette même concubine dont je suis tombé amoureux dans un opéra Kun que j'ai vu à Nankin il y a deux ans et demie. 
A l'extérieur de Xian, non loin des armée en terre cuite, on peut visiter les sources chaudes qui ont baigné son corps enchanteur. Un parc hors de prix est aménagé pour qu'on tente de s'imaginer un peu ce que c'était que se baigner à cette époque.


L'empereur ne se serait pas baigné avec sa belle, si l'on en croit les écriteaux. Plus loin, on peut voir la baignoire de l'empereur, et on voudrait nous faire croire que les deux amoureux n'auraient pas pris de bain ensemble. Moi, je ne dis rien mais je crois qu'il ne faudrait pas nous prendre pour des gamins, tout de même.
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29 mai 2008 4 29 /05 /mai /2008 00:40


Elle ne connaît rien à la politique, rien à l'économie, elle ne s'intéresse pas particulièrement à la vie culturelle de son pays, mais elle est intelligente, elle parle en choisissant ses mots.
J'aime sa clarté et sa calme détermination. Elle conduit sa vie avec mesure, alliant un sens de l'aventure qui l'a fait quitter sa ville natale, et une prudence qui la tient éloignée de Shanghai. Mais pas trop éloignée pour que nous puissions nous voir de temps en temps.
Je ne sais pas trop quelle stratégie préside à ses choix qui la mènent d'emplois en formations, de cours du soir en cours du matin.
Elle ne lit pas de journaux, donc ce qu'elle dit est le reflet des rumeurs, des nouvelles partagées, de ce que sait la population sur un événement. Dans un restaurant américain, où elle apprend à utiliser fourchette et couteau, et elle me dit qu'elle fut très fâchée de ce qui s'est passé avec la France récemment.
Je lui dis que je ne sais pas de quoi elle parle. Elle ne me croit pas mais elle m'explique quand même la situation telle qu'elle la comprend : Carrefour a fait ou a dit quelque chose contre la Chine, et donc les Chinois ont manifesté contre cette entreprise. Ce que Carrefour a fait, ou a dit, elle ne le sait pas, mais comme les Chinois ont manifesté, Carrefour a commis quelque acte anti-chinois.
Ensuite (ou avant, elle ne se souvient plus), le gouvernement français a décidé de briser ses liens d'amitié avec la Chine. "J'étais troublée car je considère la France de la même manière que je te considère, toi."
Dans le même repas, elle m'a fait part de certaines connaissances qu'elle avait à propos des peuples du monde : les Grecs sont homosexuels, les hommes français ont plusieurs maîtresses (mais les femmes françaises sont plus fidèles, curieusement, alors je suppose que les Français jettent leur dévolu sur les femmes grecques qui doivent doucement s'emmerder : mon amie pense que l'idée est raisonnable.) Les Allemands sont sérieux. Elles commencent ses phrases par : "Je sais que..."
Il y a trois ans, elle m'avait dit que les Etats-Unis, l'Europe et l'Australie constituaient un seul continent, que le Tibet avait toujours été chinois et que le Parti communiste n'avait jamais fait de mal à un monument historique chinois.
Aucune tension n'est venue obscurcir notre week end, mais je me suis demandé dans quelle mesure l'hystérie nationaliste et bavarde, qui agite par moments les peuples en transformation, pouvait ruiner, à terme, des relations comme la nôtre.

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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 13:46

Dans les rues de Shanghai, le voyageur voit des hommes porter des sacs qui leur donnent un air féminin. C’est que l’homme shanghaien porte le sac de sa femme. Quand la femme arbore un air fier et hautain, le couple donne une image où l’homme est dominé. Mais les dominateurs aussi portent le sac de leur poulette, c’est une mode, un modus vivendi. Une manière, peut-être, de montrer qu’on est un vrai mec.

Dans le reste de la Chine, l’homme shanghaien a la réputation d’être peu masculin. D’ailleurs, les hommes de Shanghai que je connais ne revendiquent pas leur appartenance à la ville. Ils disent qu’ils sont nés dans telle ou telle localité, alors même qu’ils parlent shanghaien entre eux. Les hommes ne sont pas fiers d’être de Shanghai, peut-être à cause de cette réputation. Les femmes chinoises, en revanche, les considèrent comme les meilleurs époux du monde. Le portage du sac dans la rue n’est qu’un exemple. Ils participent aux tâches ménagères, ils donnent leur salaire à leur femme qui gère le foyer, ils sont plus courtois et plus attentionnés que les autres Chinois. J’ai connu plusieurs femmes – vivant à Shanghai mais venant d’autres provinces - soupirer : « Hélas, mon mari vient du nord ! »

Une amie m’a assuré qu’elle ne se marierait qu’avec un Shanghaien. Elle prend son père comme exemple, et lui voit toutes les qualités requises. L’accusation de féminité, elle l’évacue d’un geste de la main : « Mon père est très viril et n’a pas besoin d’être un macho pour le prouver. »

Au moment où j’écris ces lignes, deux de mes étudiants passent devant le café sans me voir. Le garçon porte un sac en skaï et la fille traîne un peu les pieds. Elle a l’air fatigué et elle se plaint. Le garçon lui dit quelque chose qui la fait sourire. Quand ils passent à ma hauteur, mon étudiant continue de parler, et mon étudiante, un sourire las aux lèvres, regarde son petit copain avec des yeux remplis d’amour. 

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1 avril 2008 2 01 /04 /avril /2008 01:04

Ah oui, avant que j’oublie, je voulais glisser en douce une petite remarque là-dessus, car je sais que beaucoup de gens se bercent d’illusions et se fourvoient dans les plus poussifs des préjugés. Les hommes asiatiques n’ont pas le sexe plus petit que nous, et les femmes asiatiques n’ont pas le vagin plus étroit que les autres. Il fallait que ce soit dit pour des questions pédagogiques et pour dédramatiser toute la question.

J’ai connu des Françaises plus expérimentées et pourtant plus étroites que des Chinoises très respectables.

Il faut donc cesser de fantasmer dans tous les sens et sens dessus dessous. Les femmes asiatiques ne doivent pas avoir peur des étrangers sous cet angle. Les hommes asiatiques ne doivent pas se sentir inférieurs. Les hommes qui se font aimer des femmes blanches et noires ne sont pas forcément bien membrés et ceux qui vont avec des femmes asiatiques ne sont pas forcément dotés d’un petit sexe. Voilà, c’est un peu ridicule à écrire, mais je crois qu’il fallait le dire. Vite fait, comme ça, l’air de rien.

Maintenant, parlons géopolitique. Tibet, si vous voulez, ou Birmanie.

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13 mars 2008 4 13 /03 /mars /2008 11:37
A l’heure où le gouvernement chinois est de plus en plus dur contre tout ce qui corrompt la jeunesse, et lutte contre toutes les manifestations de pornographie, au point d’interdire des médias la très belle actrice qui a joué dans Lust, Caution, insinuant par là que ce film est sale, alors que la censure l’avait déjà pas mal émasculé, il est de notre devoir d’aller visiter le « Musée de la culture chinoise du sexe », ou « musée de la sexualité culturelle antique », ou « musée du sexe de la Chine classique », quel que soit le nom qu’on lui donne.

Dans le village touristique de Tong Li, le musée n’est pas bien indiqué mais il bénéficie d’un superbe espace. Deux espaces, en réalité, très différents l'un de l'autre. Le début de l’exposition consiste en un jardin et deux bâtiments européens (début XXe) se faisant face, avec des objets éparpillés dans le jardin et une exposition scientifique dans les deux maisons. La suite de l’exposition se passe dans des pavillons en enfilade (si j’ose dire) comme une maison chinoise traditionnelle, avec des cours intérieures qui se succèdent.

Avec la haine du sexe qui caractérise le régime actuel, et la gêne qu’il suscite dans la population, ce musée est une prouesse incroyable, une anomalie, une exception remarquable qu’il faut soutenir. Le voyageur a l’impression qu’on a tout fait pour l’empêcher de le visiter : déménagement dans un village à 80km de Shanghai, aucune mention même sur les brochures touristiques de Tong Li, aucune indication sur la carte. Or, contrairement à tout autre lieu difficile à trouver, vous n'oserez pas demander la direction aux passants. A tout cela j'ajoute, pas de chauffage dans les salles, pourtant très humides!
Une fréquentation assez faible le jour où j’y étais alors que le village était plein à craquer partout ailleurs. On sent que cela vivote que ça peut.

Des godemichés vieux de 2000 ans, des pierres, des photos de paysages où la montagne ressemble à un vagin, des objets taoïstes en assez grand nombre. Les conservateurs ont une vue du moine taoïste comme un sage particulièrement porté sur la chose. Des porcelaines plus modernes, difficiles à dater. Un certain nombre de sculptures très récentes, non présentées comme telles et d’un goût plutôt moyen. C’est l’ennui avec ce lieu : on a envie de le défendre à tout prix pour ce qu’il représente, et parce qu’on n’en peut plus de l’idéologie ambiante qui règne en Chine et qui empêche les gens de penser et de s’écarter des opinions les plus ennuyeuses sur tout. Mais si on veut être honnête, on est obligé de reconnaître que des pièces vraiment intéressantes, il n’y en a pas assez pour remplir un tel espace. En revanche, cela ferait une très belle salle, et très populaire, au Musée de Shanghai.

Des jeunes rigolent en passant devant l’entrée. Depuis la ruelle, ils photographient la statue d’un gros gnome (peut-être antique) au pénis énorme, qui accueille les visiteurs. Je ne sais pas pourquoi ni comment il est possible que cette statue soit visible de la rue, mais ce n’est qu’un mystère parmi d’autres, qu’une contradiction inexplicable parmi toutes celles que les Chinois doivent accepter sans poser de question.

Le fondateur du musée est un sacré personnage. Retraité de l’Armée de Libération Populaire, il est devenu professeur de sociologie à l’université de Shanghai, et a profité de ses relations et d’une relative libéralisation de la vie politique locale, il y a vingt ans, pour faire des enquêtes sur la sexualité des Chinois, puis pour collectionner des objets de toutes les époques.

Cela reste une visite incontournable pour le touriste. Outre que c’est dans un village très beau, avec une architecture splendide  et des temples et des jardins, le musée laisse une bonne impression qui dure longtemps.

 

 

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