On lit des choses qui font tomber à la renverse dans Le Monde. Que pensez-vous de phrases de cet acabit ?
“Nous sommes persuadés qu’il faut être gentils avec les Chinois pour que les Chinois soient gentils en échange.”
Que vient faire la gentillesse dans une analyse de politique internationale ?
“Nous sommes ainsi considérés comme un pays femelle, faible et qui change tout le temps d’avis.”
Pas un seul Chinois n’a dit ni écrit une chose pareille.
A la différence des Français qui respectent le droit avant tout, c’est cela ? Ou c’est autre chose ?
“Pour les Chinois, la France est un pays vassal.”
Comment une idée pareille est venue se loger dans l’esprit de qui que ce soit ? La France vassale de la Chine ? Mais on veut faire rire les Chinois, en fait ?
“Il y a heureusement beaucoup de gens en Europe qui commencent à comprendre que la Chine n’est pas un pays ami.”
Il y a donc des pays amis ? Nom de Dieu, qu’on m’en donne la liste, et qu’on me dise ce que cela signifie.
Pas de commentaire. Je regarde autour de moi pour vérifier qu’il n’y a pas de caméra. A mon avis, un copain se fout de ma gueule et a mis ces mots dans Le Monde pour voir la tête des lecteurs devant une sorte de poisson d’avril en décembre.
“Si l’Europe faiblit, la Chine pourra piétiner tous les pays européens l’un après l’autre, sauf la Grande-Bretagne, qui ne se laissera jamais faire.”
Que ceux qui prennent ces mots de diabolisation au sérieux se manifestent, et qu’ils explicitent leur vision du monde, de l’histoire et de la géographie. (Et que dire de ce commentaire sur la Grande Bretagne ? Comment ne pas être au moins perplexe ?)
D’où ces mots peuvent-ils venir ? D’un pauvre blog, comme internet nous en abreuve par milliers ? D’une espèce de sage précaire dont l’éducation a souffert d’un parcours chaotique, qui fait l’intéressant en ânonnant la vulgate anti-chinoise la plus inepte ? Sans profondeur, sans réflexion politique, sans le début d’un commencement de fondement. Ce sont des propos plutôt pires que ceux qu’on peut lire dans la presse chinoise. Alors, ce doit être un pauvre hère que le journal quotidien cite pour se faire l’écho des excès de la blogosphère.
Nullement. Ces paroles sont tirées d'un entretien avec un homme que Le Monde qualifie de “spécialiste de la Chine”. Pourrait-on en savoir plus ? Que faut-il faire pour être présenté de la sorte ? Moi, par exemple, j’ai un beau-frère qui connaît rudement bien la Chine, pour y être allé en vacances, et qui a lu les livres de Jean-Luc Domenach. C’est bon, il est spécialiste aussi ? Le Monde pourrait-il publier une interview de lui ?
Le Monde, Le Monde, que t’arrive-t-il donc ? Que cherches-tu à faire avec des papiers de ce genre ? Quelle stratégie mets-tu en place ? Est-ce juste un faux-pas, une erreur de rédaction pardonnable, ou est-ce le début d’un plan raisonné ?
S’il n’y a pas, dans les jours à venir, d’aticles informés et intelligents sur la Chine, pour rattraper cette catastrophe, je vais commencer à avoir des doutes sur les motivations profondes, et sur les ressources peut-être, de mon quotidien préféré.