Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rechercher

Archives

9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 13:42

 

ginger_rheims.jpg

 

Rien de tel que les photos d'art pour se rincer l'oeil.

 

wu-pei-ti_petit.jpg

 

Les photos de Bettina Rheims sur Shanghai redonnent à la métropole son lustre, et son cachet sulfureux des années 30.

 

bettina-rheins-shangai_01.jpg

 

Partager cet article
Repost0
18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 15:16

On peut voir, sur lemonde.fr, un webdocumentaire sur les mines chinoises.

Voyage au coeur du charbon, de Samuel Bollendorff et Abel Ségrétin.

Un concept que je trouve sensass. Je dis sensass, mais je pourrais dire impek, ou hyper bath. Je pourrais dire que c'est trop de la balle, que c'est top délire et que c'est grave mortel.

Parce que le concept du webdocumentaire, c'est étonnamment moderne et étonnamment suranné en même temps. On clique, et on voit apparaître des photos, accompagnée d'une bande-son, ou de textes. C'est une forme de roman photo à la sauce cybernétique. Cela a des airs paradoxaux, mais c'est le propre du web : retour à l'écriture, fin des téléphonages, auto-publication et essais personnels, comme à l'époque de Montaigne.

Alos les mines chinoises. Sans surprise, on voit de la misère. Mais, et moi c'est ce que je veux faire passer, on voit aussi beaucoup de joie. Des gens qui chantent et dansent pour répéter les chants de noël, des gens qui gagnent un peu moins de 1000 yuans par mois, mais qui vivent dans des bidonvilles, donc ils économisent (je joue au con), des vieilles qui se chauffent gratuitement en ramassant le charbon qui sort des usines.

Non, bien sûr, c'est la misère noire. On le savait, grâce notamment au blog de Cai Chongguo. Le scandale des mines trop dangereuses mais exploitées quand même car, on peut retourner le problème dans tous les sens, l'économie chinoise en a besoin.
Un effet comique : à chaque étape, les journalistes sont conduit vers un responsable, et c'est toujours la même photo qui revient, celle d'un officiel qui leur dit : "Nous sommes touchés que vous vous intéressiez à ceci et à cela, mais vous feriez mieux de retourner à Pékin pour votre sécurité." J'ai souvent entendu dire cela, en Chine. La sécurité est, bien entendu, en Chine comme partout, le mot magique qui permet de tout interdire ou de prendre toutes les décisions que l'on désire. A la fin du webdocumentaire (quel mot!), la même photo revient avec pour tout commentaire : On va vous accompagner à la gare de Datong et vous prendrez le premier train pour Pékin.

Mais surtout, on voit une chose évidente : on voit qu'on voit. On voit qu'on peut aller voir. C'est bien interdit, mais force est de reconnaître qu'avec de la pugnacité, on peut voir. Les journalistes vont à la rencontre des mineurs, ils vont même dans la mine, avec un guide interprète, un appareil photo, un appareil enregistreur...

C'eût été plus difficile il y a dix ans, c'eût été plus faisable il y a vingt ou vingt-cinq ans, mais c'eût été rigoureusement impossible avant les années 80. Alors, est-ce un signe de libéralisation des forces de l'ordre ? L'enquête a été menée en 2006. Serait-ce encore faisable aujourd'hui ? Peut-être que non, à cause de la curiosité grandissante des journaliste, depuis 2006 justement.

Partager cet article
Repost0
4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 19:32

Cette photo m'inspire depuis des années. Elle a été prise dans la province du Xinjiang, entre les montagne de Tian Shan et l'Altaï. Les neiges éternelles que l'on voit au loin, c'est l'Altaï, aux confins de la Chine, de la Mongolie, du Kazakhstan et de la Russie.
Si je me souviens bien, nous sommes ici sur la route qui nous ramenait à Urumqi, après avoir avoir passé quelques jours au lac gelé d'Hanasi, le plus septentrional de Chine.
Les montagnes de l'Asie centrale sont celles qui font le plus rêver, je crois. Les montagnards du monde entier y voient l'origine de tout, la fin de tout. Les écrivains qui ont rêvé sur des cartes avant de rêver sur des livres ont nourri leur faculté poétique de mots fabuleux venus de cette région du monde :

"Les trois branches qui articulent l'Ancien Monde se rencontrent et s'articulent là. Quelque part entre Samarkand,  Srinagar et Kaboul. C'est le noyau. Le moyeu autour duquel la roue tourne. Les régions qui enserrent ce coeur vide se nomment Tibet, Cachemire, Afghanistan, Turkestan, Kirghizistan, Kashgarie, Dzoungarie, Mongolie. Pays des Tokhariens, des Hephtalites, des Naïman et des Kouchanes."
Pierre Jourde, Le Tibet sans peine, Gallimard, 2008

C'est la province de Chine qu'il faudrait le plus chercher à connaître, pour des raisons historiques et géopolitiques. On le fait trop peu pour deux raisons : les sinologues y voient des Chinois qui ne sont pas à leur avantage, et les spécialistes de l'Asie centrale la considèrent comme la région la plus antipathique à cause des mêmes Chinois qu'ils peignent toujours comme d'infâmes colons.
Il faudrait y rester un peu de temps. Mes souvenirs du Xinjiang sont éblouis pour des raisons personnelles, et sans doute un peu pour des raisons politiques. J'y retournerai pour en avoir le coeur net!
Si Dieu me prête vie, j'irai là-bas quelques semaines cet hiver, prendre une chambre dans une auberge et tenter de comprendre comment vivent les gens.
Partager cet article
Repost0
13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 20:25

Je ne sais pas quel effet cela donne sur ceux qui ne connaissent ni Shanghai ni la Chine, mais sur moi qui ai un peu pratiqué l'un et l'autre, ces photos ont un pouvoir de fascination réel.  Je le précise parce que l'art de Bettina Rheims pourrait aisément être qualifié de maniéré, ou maniériste, mais en aucun cas documentaire. Or, je vois et revois ces photos avec un sentiment complexe, comme si je reconnaissais les personnes photographiées alors même que je ne les ai jamais rencontrées, et n'en ai jamais vu poser de telle manière.
C'est malheureux de le dire ainsi, mais c'est vrai : je n'ai jamais vu de femme nue dans un jardin chinois ; jamais photographié de "travailleuses de la nuit" ; jamais demandé à mes amies chinoises de poser seins nus.


On voit dans l'album SHANGHAI des femmes de toutes conditions et de tous âges, même si le lecteur rapide s'attarde davantage sur les actrices, les chanteuses, les femmes nues en général. C'est d'ailleurs normal, ces corps restent l'expression la plus puissante et la plus mystérieuse de ce pays.
A la fin du livre, les personnes remerciées sont légions. Des ambassadeurs, le consul de France à Shanghai, plusieurs attachés des services consulaires, des journalistes, des gens de l'art et de la culture. Elle avait ses entrées dans tant d'endroits, à Shanghai, et elle a pu passer tant de temps avec tant de gens qu'à la fin, les photos ne donnent aucune idée touristique de la ville - ce dont personne n'a besoin - mais une série de scènes dont l'immobilité et la théâtralité finissent par dire quelque chose de baroque et de vrai sur la Chine.

Partager cet article
Repost0
5 août 2008 2 05 /08 /août /2008 13:02


Cette photo a été prise par une étudiante chinoise, et il me semble bien qu'elle me donne l'air chinois. Mes yeux me paraissent bridés. Cerné d'eau, l'eau du Lac des Nuages Pourpres, je suis plus ondoyant que jamais.

Mon front dégarni rappelle les coupes de cheveux que les Mandchous de la dynastie Qing imposaient aux habitants de l'empire. Il ne manque plus que la queue de cheval.
Le doigt qui pointe dans une direction inconnue, et les yeux qui regardent un interlocuteur invisible, nous ramènent à l'anecdote qui dit : "Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt". Sauf que là, le sage, il ne montrait rien de bien élevé. Le corps docte, il semble au contraire lancer un défi, ou un pari idiot à quelque nageuse inexpérimentée.

En Chine, j'ai donné des leçons de natation à plusieurs personnes. Mais ce n'est pas cela seulement, qui m'attirait vers le lac. J'ai toujours considéré qu'un lieu de baignade naturel proche de son lieu de vie était une condition sine qua non du bonheur. Même à Lyon, je me baignais dans le Rhône, par acharnement. Cela m'a manqué à Shanghai, car je n'ai jamais osé plongé dans le Huangpu, ni dans la Suzhou he.  

Partager cet article
Repost0
20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 06:29

Calligraphie de style "herbe", que ne peuvent lire et écrire que les spécialistes de la chose. Les autres, qu'ils connaissent le mandarin ou pas, sont rejetés dans leur monde de perceptions plus ou moins affinées. Essayer de déchiffrer, c'est possible bien sûr, et on retrouvera toujours quelques caractères connus. Ce n'est pourtant pas le but. Le sens du poème importe peu. Ici, il est question de l'eau et des bains que prenait la belle Yang Guifei.
Ce qui compte, c'est l'art du tracé, le mouvement même du geste. Certains caractères font exploser le carré virtuel qui
 sont censés les contenir. Les lignes sont prises de folie et de vitesse. La liberté, la folie et la vitesse sont plus figurées que réelles, car cette éciture est en fait très codifiée et résulte de la plus haute maîtrise de la technique calligraphique.
Mais une fois qu'on a dit que c'est codifié, on a encore rien dit, car l'effet reste extraordinaire de puissance. C'est un aspect de la culture chinoise qui m'a toujours frappé et que les Chinois, quand ils parlent d'eux-mêmes, omettent systématiquement : la recherche du désordre, du monstrueux, de l'asymétrie. Le jeu constant entre l'enfermement et l'errance, entre la modestie et l'explosivité, l'obéissance aux règles et leur subversion.
Des mots que tout cela. Je suis resté en arrêt devant cette stèle, muet d'admiration sans pouvoir expliquer ce qui, à mon avis d'ignorant, fait de cette calligraphie une oeuvre magnifique (si le mot d'oeuvre reste opératoire, avec les calligraphies gravées dans la pierre.)
Partager cet article
Repost0
7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 15:04
C'est très émouvant, ces stèles. Ecrire sur les pierres, et donner aux signes une apparence de calligraphie tracée au pinceau. Par l'estampage, en imprimer des feuilles pour diffuser l'écriture à des milliers de li.




Partager cet article
Repost0
24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 00:48

Regarder la télévision est devenu une chose trop pénible. Outre les images des morts, des décombres, outre les informations qui tournent autour de la catastrophe, le téléspectateur étranger ressent une gêne morale.
Les programmateurs s'interdisent de parler d'autre chose, et cherchent donc à faire preuve de créativité, à divertir la population, mais avec l'événement du moment, et rien d'autre. Et comme on ne peut pas en rire, alors on en pleure, et les programmateurs déclinent toutes les méthodes pour émouvoir, faire pleurer, créer de l'admiration pour les sauveteurs, et, au final, créer un sentiment d'émotion intime, de solidarité, de communion dans l'épreuve que toute la nation doit partager.
Regarder la télévision, c'est donc entrer dans une réunion de famille, une cérémonie communautaire extrêmement intime, où les gens, même en uniforme, pleurent, où le public s'essuient les yeux, où les orateurs se succèdent, soit pour chanter, soit pour témoigner, soit pour relayer la parole émotive qui parcourt le pays. Le pays traverse une phase de sentimentalisme accru, que l'on pouvait percevoir avant les événements, mais qui arrive à un point d'incandescence. Tout peut faire pleurer, et on cherche tous les moyens pour s'émouvoir, car c'est le seul sentiment qu'on s'autorise. On ne recule devant rien, pas même devant les enfants morts dans les écoles mal construites du Sichuan : on écrit des poèmes où l'enfant est séparé de sa mère :

"Mon petit, vite !
Serre fort la main de ta maman !
La route du paradis
Est trop sombre !
Maman a peur que
Tu te cognes la tête.
Vite !
Serre fort la main de ta maman !
Pour que ta maman puisse t'accompagner.

Maman !
J'ai peur !
La route du paradis
Est trop sombre !
Je ne vois pas ta main…
Depuis que
Les murs écroulés
Ont emporté la lumière du soleil,
Je ne peux plus voir
Ton regard plein de tendresse…
(Traduction, Courrier International)

Un sentimentalisme que je crois n'avoir jamais vu se déverser avec aussi peu de retenue. Tong elle-même s'interroge sur l'évolution d'une chaîne de télé où les présentateurs ne font plus de séparation entre leurs émotions intimes et leur travail public. Les Chinois qu'on aime imaginer pleins de maîtrise, de modestie, de mystère, que l'on croit se tenir sur leur quant-à-soi, repliés dans un intérieur inaccessible, les Chinois du XXIe siècle expriment leurs émotions sur des plateaux télé. Ils frissonnent à l'unisson dans une grande émotion qui traverse et étreint tout le pays, ils s'en nourrissent et la nourrissent de leurs larmes.
Alors pour le voyageur, regarder cela, c'est comme faire du voyeurisme. Il s'éloigne sur la pointe des pieds et essaye de ne pas déranger.

Partager cet article
Repost0
22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 00:28
Trois jours de deuil national pour les victimes du tremblement de terre. C'est une habitude chinoise avec les catastrophes. Les gouvernements provinciaux le faisaient lorsqu'il y avait des mines qui explosaient. Cai Chongguo a stigmatisé cette pratique avec la pertinence qu'on lui connaît. 
On est toujours démuni, devant une catastrophe, alors en effet, décréter un deuil national, c'est toujours un petit quelque chose. Les karaoke sont fermés, il n'y a plus de musique de fonds dans les supermarchés, les télévisions diffusent les mêmes images, certains sites internet s'ouvrent sur une page d'accueil en noir et blanc. Beaucoup de gens trouvent que les rues sont plus calmes, qu'on les traverse avec plus de sécurité.
Pendant les trois minutes de silence qu'on devait observer il y a deux ou trois jours, les automobilistes ont klaxonné avec ferveur, lançant des prières bruyantes aux mannes des victimes. De même que les pétards et les détonations sont propiciatoires, le bruit du klaxons, séparé de leur fonction pratique, était peut-être dans le coeur des chauffeurs superstitieux, enrobé d'une efficace prophylactique.
Les citoyens commencent à être fatigués de ce deuil. On entend des gens se plaindre du climat dépressif que l'ambiance induit. On peine à trouver des ressources pour se motiver au travail. 
On se souvient de la réaction des Américains après Les attentats du 11 spetembre : retournons au travail, montrons-leur et montrons-nous qu'on ne va pas s'arrêter pour autant.
Moi, je le dis tout net, je suis de moins en moins motivé au boulot. Voyez, là, je devrais me raser et me préparer pour mes cours, eh bien je vous écris ces quelques lignes à la place, avec en tête l'envie de gerber que m'ont donné les images de la télé. Combien d'enfants doivent faire de cauchemars, avec ce qu'on leur montre sur écran ?
Je ne sais pas si c'est l'effet papillon, la catastrophe récente et les autres imminentes, ou si c'est la conscience que je vais bientôt partir, mais je n'ai pas envie de travailler. Je me verrais plutôt pas mal à brûler de l'encens au temple Long Hua, ou plier des feuilles de papier en forme de grues.
 
Partager cet article
Repost0
30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 00:09
Comparé à la poésie, la musique, la calligraphie, les arts martiaux et la cuisine, l'art des jardins semble être laissé de côté dans l'éducation des jeunes Chinois. Ils ne connaissent pas très bien ce domaine, se trouvent démunis quand on leur pose des questions, répondent par des généralités.
J'ai fait un sondage dans une classe : 1/3 des étudiants n'étaient jamais allés au jardin de Shanghai, 1/3 y était allé une fois et 1/3 plus d'une fois, mais presque tous y sont allés avant l'âge de 15 ans. Autant dire qu'on ne leur a pas donné les moyens de pénétrer ces espaces si complexes. 
Par exemple, à qui poser cette question, et qui répondra : la première photo me paraît plus "authentique", est-ce stupide ? La deuxième photo montre que les jardiniers ont ajouté des fleurs, mais des fleurs qui nous semblent décoratives, sans signification, déplacées.




Photos, Cécilia de Varine ©
Ce rose, ce mauve, ce camaïeux déplaisent spontanément au voyageur, mais il ne sait pas si cela vient de ses habitudes de perceptions ou de la maladresse de jardiniers à qui l'on a demandé des couleurs pour égayer les promendades de touristes.
Après tout, nous voyons les vieilles églises en blanc, alors qu'elles étaient peintes de mille feux il y a mille ans. Nous avons été gênés de voir les couleurs retrouvées des tableaux de la Renaissance car nous étions attachés à la patine du temps, aux couleurs délavées. Le délabrement des lieux et des choses étaient devenus à nos yeux la quintessence de la haute culture. Alors qu'en est-il des jardins chinois ?
Ma question est la suivante : ces fleurs sont-elles vraiment à leur place ? Ce massif était-il destinés à être coloré, au risque que les relations entre les pierres, les troncs et la verdure se noient ?

Plus je regarde les deux photos l'une après l'autre, plus je doute.
Partager cet article
Repost0