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25 septembre 2007 2 25 /09 /septembre /2007 13:58
Invitée par le département de philosophie de Fudan, Claude Imbert est venue faire un séminaire d’un mois et demi sur Rousseau. Je suis allé à la leçon inaugurale et j’ai été sous le charme. J’avais beau connaître ce dont elle parlait, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre des notes. Tout ce qu’elle disait était irrigué par une pensée en mouvement, c’était très agréable.

Le public chinois était nombreux et très attentif. Madame Imbert parlait en anglais avec un fort accent français qui dérangeait fort les étudiants, mais ils firent les efforts qu’il fallait.

Elle parlait de l’Encyclopédie, du point de vue de Kant sur cette dernière, des différences entre les Lumières françaises et l’Aufklärung allemande. Elle insistait beaucoup sur le concept de modernité, de la modernité comme processus, et combien Rousseau, dans ses métamorphoses stylistiques, étaient en phase avec ce processus de recherche d’expression.

J’ai la chance, depuis l’année dernière, d’entendre beaucoup de chercheurs français, venus de nos plus grandes institutions. On vient voir les Chinois de Fudan depuis Sciences Po, l’ENS, l’EHESS, et parfois, il m’est arrivé de me mettre à la place de ces Chinois et de penser : « C’est donc ça, l’élite intellectuelle française, dont on nous rebat les oreilles ? » Parfois seulement. La plupart du temps, les conférences étaient de bon niveau. Mais pour la première fois, j’ai ressenti une forme de fierté. En présence de Claude Imbert, je me disais : « Voilà, c’est ça l’université française. » Une petite bonne femme qui se met au niveau de ses étudiants, qui les surestime même un peu (« vous connaissez cela aussi bien que moi ») et qui les tire vers le haut. Un professeur qui est en même temps un penseur et un chercheur. C’est la meilleure méthode d’enseignement qui soit, penser tout haut, partager les résultats et les difficultés d’une recherche, amener par là les étudiants à avoir envie de défricher un terrain plutôt que de répéter des théories déjà énoncées.

Naturellement, au bout d’une heure, tout le monde commençait à décrocher, dans l’assistance. L’horaire est très inconfortable, de 18h30 à 20h30, quand on a une journée de travail dans les pattes, c’est dur de rester concentré. Mais il me prit l’envie de parader, le torse bombé, et d’arborer le sourire modeste et satisfait de celui qui a eu le privilège d’être formé à cette eau-là. Je n’ai pas paradé, je me suis glissé dans l’ascenseur, j’avais bien trop faim.

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commentaires

F
Mais si laisse tes vidéos , ce serait dommage quand même de les abandonner...Quand a mon blog , j'y reviendrai de temps en temps , peut-être pour y traiter de choses moins universitaires justement . 
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G
Bon, je verrai. Pour Queneau, continue de t'amuser, et n'oublie pas trop ton blog, sauf s'il t'empêche de travailler au lieu de t'aider, comme c'était prévu au départ. C'est vrai qu'il n'est pas établi que l'écriture bloguesque soit compatible avec l'écriture universitaire.
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F
ca c'est une chace incroyable que de suivre les cours de Claude iMBERT ! Moi , c'est ceux de Jacques Bershtold (un autre spécialiste de Rousseau) que je vais suivre cette année à la fac . Je rappelle que je travaille sur un dea sur les rapports entre Queneau et la nature (voir blog que j'ai  un peu mis de coté...) , plus précisément sur l'image de la nature dans la  cité quenienne , c'est pourquoi  tes deux  derniers articles sont particuliérement interessants. Tu peux laisser tes vidéos , mais c'est plus difficile d'accéder à ton blog et de laisser un commentaire aprés. As you want...
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