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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 07:24

On fait toute une histoire de ces Français qui s'expatrient. Les gens de droite affirment depuis des années que c'est un exode dû à une fiscalité trop lourde. Une émigration que Philippe Seguin comparait avec celle des huguenots sous Louis XIV, et celle des aristocrates à l'époque de la Révolution. Sarkozy a repris le flambeau de cette idée facile et paresseuse. « Avec moi, ils reviendront créer de la richesse chez nous. »

Or, c'est une tradition très ancrée, « chez nous », que de nous expatrier. Il n'y a rien de nouveau. Quelques chiffres si vous le voulez bien : en 1861, 318 000 Français émigraient rien qu'en Amérique du sud.

En 1901, un demi million de Français allait tenter la fortune aux quatre coins du monde. Un peu plus encore en 1911, et toujours le même chiffre en 1931. (Source : Service National des Statistiques, Etudes démographiques n°4)

De tous ces voyageurs, seuls 20% étaient paysans et pouvaient être poussés par la pauvreté. Mais le reste était des individus « entreprenants », de profession libérale, qui suivaient leur propre intérêt, leurs pulsions ou leurs rêves. Cela en fait, des millions et des millions de compatriotes qui se sont baladés sur le globe.

Il semble que si nous avons peu conscience de cette réalité, c'est parce que nous avons cherché à nous donner l'image d'une population tellement heureuse de vivre dans le plus beau pays du monde qu'elle n'avait nul besoin et nul désir d'aller voir ailleurs.

Il est temps que nous construisions une autre image de nous-même, et que nous cessions par la même occasion de mentir sur les motifs de nos départs.

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commentaires

F
Nul mépris dans ma remarque. L'aventure c'est l'aventure ! 
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G
Je n'imagine pas un écrivain voyageur qui mépriserait les hommes d'affaires. Moi, j'ai toujours vu ces derniers comme des aventuriers. Tout voyageur comprend et respecte le commerce, l'entreprise, le trafic, le marchandage, les échanges. Les écrivains voyageurs les aiment d'autant plus que ce sont toujours des mots à plusieurs sens, et derrière lesquels ils peuvent voir des réalités tangibles comme la Route de la soie, la Muraille de Chine (financée par les commerçants qui la prenaient comme autoroute à péages, pratique, gardée donc sure, pavée et lucrative)  Shanghai, Macao, et j'en passe.<br /> Mais mon billet se limitait à rappeler les millions de Français partis à l'étranger, quelles qu'en soient leurs raisons.
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F
J\\\'ai l\\\'impression que , même si Ben a raison d\\\'évoquer la colonisation , la discussion dévie un  peu . La colonisation c\\\'est un autre probléme , celui des pieds noirs et des anciens "colons" qui ne sont pas totalement "migrants" ou "émigrants" ou "immigrés" puisqu\\\'ils étaient ou avaient l\\\'impression d\\\'être en territoire français. De plus difficile de leur accorder complétement le statut de "voyageurs". Je sais de quoi je parle, j\\\'en viens  ! Disons qu\\\'ils sont entre les deux. Mais la question mériterait un blog entier. Sérieusement Guillaume , on ne peut pas confondre les voyageurs et les businessmen. Ces derniers sont trés forts pour tromper les gens à ce sujet  en récupérant comme ils le font les littéraires , philosophes, intellos de tous poils ils se donnent une image romantique et  une certaine légitimité intellectuelle pour appliquer leur bonne grosse et grasse idéologie néo libérale à vomir. La philo , la littérature de voyage, honnétement ils s\\\'en foutent , la dessus il ne faut pas se faire d\\\'illusions ! Mais évidemment , si ils croisent des philosophes ou des écrivains pour leur cirer les pompes , ils sont contents ! Je ne suis pas sur que Bouvier apprécie beaucoup cet amalgame d\\\'ailleurs. Il y\\\'a quand même un monde, deux visions du monde entre un Bernard Tapie (qui voyage beaucoup) et un Jean Rolin (qui voyage beaucoup aussi ). Ce qui nous améne à un autre probléme qui est le rapprochement , la promiscuité  entre disons les "intellos" et les "puissants". En disant cela je pense évidemment à ce qui se passe en France. Le dialogue Sarko-Onfray est un exemple type de cette "récupération". Sincérement , la dessus il faut reconnaître la grande ingéniosité de Sarko :  avoir récupérer un philosophe anti-libéral , c\\\'est trés fort ! Pour s\\\'en sortir il faut réinventer. Réinventer la notion de voyage par exemple, la sortir de l\\\'imagerie d\\\'épinal dix-neuviémiste. Les blogs d\\\'expats sont une bonne tentative pour ce travail de réinvention d\\\'ailleurs.
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B
Il y aurait deux choses à distinguer: l'émigration à proprement parler, et la colonisation. Il y a des centaines de milliers de français qui ont émigré en Algérie, mais ils ont dû revenir en 62; c'est pourquoi il n'y a plus de traces dans aucun annuaire de tous ces immigrants français du XIXe qui sont partis en Afrique ou en Indochine. Si les Allemands ou les Irlandais ne sont pas partis peupler une colonie, c'est parce qu'il n'y avait pas, ou très peu, de colonies allemandes ou irlandaises.  Par contre, ils ont pu rester aux Etats-Unis ou en Australie ou je ne sais où, parce qu'il n'y a pas eu de "décolonisation", ils ont pu rester parce qu'ils ont contribué, aus côtés de la glorieuse nation Anglaise, à l'élimination physique des autochtones, en sorte qu'une colonie anglo-saxonne est devenue une terre d'émigration vierge et durable.
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G
Que contestez-vous dans mon petit billet ? Que la France n'est pas l'Italie ? Je vous l'accorde si volontiers que je ne pense pas l'avoir sous-entendu. Je suis donc entièrement d'accord avec tout ce qui précède, qui ne contredit rien, à mes yeux, de ce que j'ai écrit.<br /> Sans doute les Français partaient-ils puis revenaient, ou allaient mourir au loin sans former de dynasties. Ce n'était pas un exode mais des départs singuliers incessants et nombreux. Je rappelle seulement, car je suis têtu, que l'idée de départ, d'émigration et d'expatriation est ancrée dans nos pratiques : "En 1860, l'émigration connaissait une telle activité que la France ne possédait pas moins de 31 agences officielles d'émigration." (op.cit.) Vous allez me dire que c'est moins qu'en Irlande, moins qu'en Pologne et moins qu'au Farghestan et qu'à Honolulu, mais je ne suis pas sûr que cela apporte quoi que ce soit à la chose. Ou peut-être que si, je ne sais pas<br />  C'est simplement une chose qu'on oublie, voyez-vous, cette migration à la française, qui a concerné des millions et des millions d'individus. Et cet oubli amène les gens d'aujourd'hui, la presse et les politiciens,  à s'étonner de voir de jeunes businessmen partir pour Londres, Tokyo ou Shanghai. Ils parlent d'hémorragie alors que c'est la continuation d'une pratique courante et presque traditionnelle.
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