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12 juin 2007 2 12 /06 /juin /2007 14:15

Un Américain me demande l'hospitalité. Il parle un peu de lui, pourquoi je ne sais pas.

Il a 26 ans et le récit de sa vie est déjà tellement riche que c'en est ennuyeux comme la pluie. Tout ce qu'il a fait, c'est incroyable, il a vécu dans des pays d'Amérique et d'Asie, tous apparemment, il a eu de nombreux emplois, il semble être compétent en tout, s'est marié avec une Thaïlandaise, a divorcé, a vécu avec une Canadienne à Vancouver, a publié des recueils de poésie, est spécialiste en informatique, joue au basket et à je ne sais quels sports, fait du volontariat partout où il passe… La liste est tellement longue qu'une nausée vous prend en la lisant. Vous avez envie de lui dire : « Stop ! » Parle d'autre chose, tu nous soûles avec ta vie, tes aventures et tes multiples talents.

Comment font-ils, les Américains ? Ces gens sont des mutants. Ils vivent leur vie avec une telle intensité qu'on dirait qu'ils ne perdent pas une minute. Même les poètes rationalisent leur passage sur terre et gèrent leur temps libre pour optimiser le rapport coût/prix de revient.

Pfff, j'en ai vu pleins, comme lui, à 20 ans ils parlent chinois, ils parlent tamoul, ils sont sympas, ils sont costauds, ils ont traversé un continent à vélo, ils vous écoutent avec attention et vous trouvent fascinant, ils séduisent les femmes plus âgées qu'eux sans s'en rendre compte, ils boivent comme des trous, ils sont anti-républicains. Ils baisent tout ce qui passe sans s'en vanter, ils sont ouverts à tout et toujours au courant de tout.

Le sage précaire sort de là éreinté, épuisé, désespéré. Il a mille ans d'âge, le sage précaire, et en sait moins sur la vie que ces merdeux d'Américains.

Alors, qu'est-ce que je fais, je lui offre l'hospitalité, à cet emmerdeur, qui risque en plus d'être charmant, brillant et marrant ? Oh la la, Américains ! Américains ! Quand nous lâcherez-vous un peu la grappe ?

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commentaires

L
Drôle et autendique. J'ai bien ce billet! 
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F
Bon , inutile de dire que moi aussi je partage cette idée de précarité du sage que je ne trouve pas si mauvaise. Elle me fait penser un peu à une version française de la "beat génération" ce qui est plutôt plaisant.  Au passage , tu semble héberger un américain anti-républicain et qui écrit des recueils de poémes , c'est quand même assez rare et ne coure pas les rues que je sache, si jamais c'est le nouveau Kerouac ou Melville , fais le nous savoir...C'est une supériorité morale qui peut quand même faire parler d'elle sur arte à défaut de passer sur TF1. 
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G
Et tu oublies la précarité du sage! Les Américains seraient très impressionnés par ma théorie de la précarité du sage. Ils se diraient : "Ces Français, ils ont pas inventé la poudre, mais ils savent faire contre mauvaise fortune bon coeur." D'où la supériorité morale dont parle très justement Ebolavir. A propos, moi non plus, je n'ai pas peur d'être le meilleur, et moi aussi je considère que c'est ma place naturelle. Mais la différence est que moi, j'ai la patience d'attendre qu'au moins une personne s'en rende compte, sans traverser un continent à vélo pour autant.
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J
Et si toi, mon cher Guillaume, tu te rendais aux Etats-Unis? Comme ça, pour visiter, voir des amis... Et que là, accoudé à un bar et faisant paisiblement de nouvelles connaissances autour d'un verre, tu racontais - non pas pour te vanter mais parce que c'est ta vie - l'Europe, l'Asie, la vie, l'amour, la littérature, les ballades à vélo, les amis autour du monde, le calme, les spectacles, les petits plaisirs littéraires, l'écriture, les échanges, les cours en Irlande, la vie à Nankin, la vie à Shanghai, l'observation de la vie quotidienne, le plaisir des regards... Et le tout paisiblement, anecdotiquement, par simple plaisir de faire connaissance, d'échanger, de partager. Que penses-tu alors qu'ils se diraient les "américains" à propos de ta "lenteur"? ;-)
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F
Continuons dans le délire : moi ce sont des français , jeunes et vieux que j'ai croisé et qui me font penser à ce portrait. Des vrais mutants américanisés , brrr ça fait peur...Je continue à penser que c'est notre authenticité qui fait notre force (puisqu'il faut se faire la gueguerre) face à ce brassage de cultures hétéroclytes plus ou moins réussi et distingué qui peut faire le charme des américains. Aprés, tout dépend de ce que l'on met derriére cette authenticté : si c'est pour refaire dans le Jean Pierre Pernaud, sincérement , difficile de se sentir "moralement supérieur" en effet.Merci de vos réponses, chers sino-internautes , cela me convient tout à fait. Jolies photos Nico.
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