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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 03:46

Les Chinois aiment à penser que Shanghai est une ville moderne, comme New York. Les Shanghaiens eux-mêmes ne voient de leur ville que les tours de Pudong, bien qu’ils vivent dans des décors urbains plus modestes. Une femme du coin m’a dit, un jour, comme s’il s’agissait d’une information objective : « Les étrangers préfèrent Shanghai, c’est la ville qui leur est le plus adaptée. »

Qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, les Chinois me disent cela, que les Occidentaux ne peuvent qu’aimer puisque c’est occidentalisé. Mais que justement, nous aimerions rencontrer autre chose que l’Occident quand nous nous déplaçons, voilà qui ne leur paraît pas clair ; voilà qui leur est même un peu suspect. Quand je dis que je n’ai pas besoin de voir l’Europe en Chine puisque je connais déjà l’Europe, je récolte de doux froncements de sourcils.

Alors, à la Shanghaienne mentionnée plus haut, lorsque j’ai suggéré que l’on pouvait préférer Hong Kong à Shanghai (pas moi, n’est-ce pas, mais des touristes étrangers sans vergogne), elle m’a répondu, incrédule : « Mais ces deux villes sont tellement similaires… »  Erreur ! Hong Kong et Shanghai sont très différentes. J’écrirai bientôt un billet pour les comparer, mais ici je voudrais simplement rappeler que le charme de Shanghai réside dans le mélange, la coprésence de réalités urbaines bien distinctes : des vieilles maisons coloniales, des tours ultramodernes, des jardins et des temples chinois, des immeubles art déco, des habitations populaires « lilong », et de ces maisons hybrides encore nombreuses qui sont un patchwork de bois peint, de tuiles, de verre et de béton.

Ceux qui ne voient pas cette diversité, outre qu’ils manquent de la plus élémentaire faculté d’observation, font le lit des promoteurs qui, comme partout ailleurs, cherchent à détruire tout ce qui a plus de trente ans d’âge pour construire d’horribles immeubles à la gloire du kitch international.

Pour préserver le patrimoine d’une ville, il convient peut-être que les habitants voient d'abord la réalité de son patrimoine, et ne se prennent pas pour d'heureux administrés d’un décor de carte postale.

 

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commentaires

G
Shanghai vaut aussi la peine d'être montré dans ses détails, depuis la rue. Souvent, mes photos ne rendent rien du charme de l'atmosphère que je rencontre, alors je les efface. La diversité est très présente, pour le promeneur du moins. Je tâcherai d'en rendre mieux compte.
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X
Ben, y a-t-il une hérésie si la ville est "antropocentrique"Le mélange de Hong Kong ne se perçoit pas dans les vues générales où seul l\\\'admirable skyline ocupe l\\\'espace, mais au sein même des rues. Des tours splendides d\\\'invention vues au dessus de rues grouillantes de vie, d\\\'enseignes et je dirais d\\\'odeurs, aucun effet de toit recourbé, poncif navrant de tant de photos.Ces "rues chinoises" sont d\\\'ailleurs des immeubles relativement bas, réappropriés par un commerce traditionnel, datant des années 65 à 75. A quelques temples près aucun bâtiment plus ancien ne subsiste.
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B
Et j'ajouterais que d'aprés le peu que j'en ai vu, ce qui est "insurpassable" à Hong-kong, c'est la "skyline", avec les tours, les montagnes autour, l'étendue de la baie, des lignes qui s'entrelacent et ménagent une place pour du vide. De ce point de vue, l'homogénéité est complete. Si on veut rencontrer autre chose que l'Occident quand on voyage, ce n'est pas la peine de chercher des angles de toit qui remontent à  la chinoise, des elements pittoresques qui subsisteraient au milieu du déferlement du béton; il faudrait plus apprendre à percevoir la présence typiquement chinoise du vide dans l'espace: ça, ce serait un vrai dépaysement.  
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B
Le "mélange" et la "co-présence" d'elements d'architecture heterogenes sont sans doute un patrimoine à conserver, mais je me demande si ça a tellement de valeur "urbanistique"; Quand je regarde les photos que tu donnes de Shanghai, ce qui me plaît, ce sont les vues du "café rouge", d'où l'on découvre la baie, les bateaux illuminés, les tours avec leurs éclairages et les lampes rouges qui dominent le tout; bref, la sensation d'espace, avec du vide et du relief. Mais quand tu peux regarder une ville de haut ou de loin pour voir cet espace, tout y est homogène et le mélange devient une particularité de détails qui n'ont pas de vraie valeur, sauf si on veut absolument y voir une métaphore anthropocentrique du multiculturalisme.
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D
oui j'ai rendu compte plus tard que j'ai fait des bêtises:P Manque de sommeil... Pardon pardon...
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