Les copies d’étudiants montrent souvent un bon niveau de langue et une capacité certaine à organiser des idées, mais le contenu de ces idées réserve des surprises. Comme leurs devoirs ne présentent aucune citation, leurs chiffres et leurs informations ont l'air d'être sortis de nulle part, comme appris par cœur.
Par ailleurs, comme la langue chinoise est fleurie, qu’elle est pleine d'images et que les discours politiques font de fréquents recours à la métaphore, le style des étudiants ressemble la plupart du temps à un discours nationaliste farci de poésie lyrique au sens confus. Voici ce que j’ai dû corriger récemment :
« La Chine réveille de son sommeil, s’élève comme le soleil, autour duquel se tournent les planètes. La mondialisation est comme l’obus déjà sorti de la cartouche, et la sinisation se trouve exactement sur le point de l’obus, donc aussi sorti de la cartouche ! »
Bon, moi je ne sais pas ce que ça veut dire exactement, mais ça me fait flipper. En général, ces jeunes gens, dès qu’ils parlent de leur pays, ils disent des choses effrayantes. Moi qui aime la Chine, ils arrivent à me la rendre antipathique, avec des phrases comme :
« Suivant la performance frappante de la Chine, tout le monde peine à ne pas croire que ce dragon oriental va, un jour, soumettre l’aigle américain… De nos jours, dans le contexte où l’économie mondiale est beaucoup moins prospère que celle chinoise, c’est le monde qui a plus besoin de Chine que la Chine du reste du monde. »
A côté de cela, ils n’ont aucun complexe à affirmer que la culture chinoise a toujours développé des valeurs de modération, de gentillesse, en vertu desquelles ils sont le peuple le plus « amical » qui se puisse concevoir.