Les Chinois qui ont aujourd’hui vingt ans, vingt-cinq ans, se trouvent dans une situation de mutation, entre tradition et modernité comme on dit. Concrètement, qu’est-ce que ça signifie ?
Les filles recherchent l’amour sans parler d’amour. Le mariage est un passage obligé, et les filles ont la volonté traditionnelle de trouver un bon parti, tout en ayant le désir moderne d’être aimées comme une princesse. Elles veulent à la fois la sécurité et le frisson.
Les textes de Neige d’Hiver font l’autoportrait de cette jeunesse. Avec ses amies de vingt ans, elle parle de mariage, et c’est très conventionnel. Mais quand elle écrit sur des garçons, on découvre une fille sensuelle, avide de rencontres, de découvertes physiques. Toutefois, ce sont des paroles de vieux qui sont écrites : se marier, acheter un appartement, être protégée. (Des paroles d’un autre temps mais qui ne sont pas si démodées dans la psyché des Françaises, soit dit en passant.)
Le portrait va plus loin. Bien qu’elle se définisse comme traditionnelle, Neige est ouverte à la modernité : tout en elle est ouverture. Elle sait prendre ses distances avec l’idéologie ambiante, elle fait preuve d’esprit critique dans un sourire tantôt ironique, tantôt tendre. Elle observe, elle rit, elle réfléchit. Elle aime la culture japonaise sans honte et le dit, au risque de se faire mépriser par ses contemporains. Elle peut se moquer gentiment de certaines habitudes chinoises. Mais elle ne compte pas vivre à l’occidental, ses rêves et ses attentes reposent sur les schémas préétablis par la société actuelle.
Les filles rêvent de romantisme, mais c’est un romantisme asiatique, celui des séries coréennes. Un rêve d’appartement, de chauffage central, de confort moderne. Leur sauvagerie est pourtant décelable, mais elles ne peuvent ni ne veulent lui laisser libre cours.